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…:: LA CEREMONIE DU THE OU
CHANOYU ::…

La cérémonie du thé, qui s'appelle au japonais Chanoyu, est un passe-temps esthétique particulier du pays au cours duquel on sert et on boit le "matcha", ou thé vert en poudre, suivant des rites traditionnels.
L'histoire nous informe que le thé a été introduit au Japon vers le huitième siècle après J. C.. Il venait de Chine, où il était connu dès la dynastie des Han postérieurs (25-220 après J.C.). Le matcha, tel qu'on l'utilise aujourd'hui dans la cérémonie du thé, était encore inconnu à cette époque. Il ne fut importé de Chine au Japon que vers la fin du 12ème siècle, à l'époque de la dynastie Sung. Mais le thé restait alors une denrée précieuse. On l'utilisait déjà surtout comme breuvage, mais on le considérait aussi comme un remède.
Le chanoyu a joué un rôle important dans la vie artistique du peuple japonais car, en tant que recherche esthétique, il implique que les participants apprécient son décor: la pièce dans laquelle le cérémonial se déroule, le jardin contigu, les ustensiles avec lesquels on sert le thé, la décoration du cadre - un kakemono, par exemple (peinture verticale sur rouleau), ou un chabana (arrangement floral spécialement conçu pour la cérémonie du thé). Aussi le développement de l'architecture, de l'art des jardins et des aménagements paysagers, de la céramique et des arts floraux doit-il beaucoup à la cérémonie du thé. L'esprit du chanoyu, tout imprégné de la beauté que l'on trouve dans une simplicité étudiée et une harmonie avec la nature, a donné leurs caractéristiques fondamentales à ces formes traditionnelles de la culture japonaise.
En outre, l'étiquette observée au cours de la cérémonie du chanoyu a exercé une influence fondamentale sur la façon dont s'est précisé le savoir-vivre ordinaire de l'ensemble des Japonais. C'est pourquoi il est assez courant, pour les jeunes filles, de prendre, avant le mariage, des leçons de cet art: l'étiquette du chanoyu contribue à leur donner une grâce équilibrée et des manières raffinées.
Comment se déroule une réunion Chanoyu ?
La cérémonie du thé peut se dérouler de bien des façons, suivant l'école à laquelle l'hôte appartient. Le détail varie également suivant les circonstances et la saison. Mais les éléments essentiels des divers rituels se ressemblent fondamentalement.
1. Installations et équipements indispensables
a) Le pavillon de thé (sukiya)
L'habitude veut, depuis longtemps, que l'on fasse construire un pavillon spécialement réservé au chanoyu. On trouve dans ce sukiya un salon de thé (cha-shitsu) et une salle de préparation (mizu- ya). Depuis la salle d'attente (yoritsuki), un sentier (roji) mène à travers le jardin jusqu'à l'entrée du pavillon de thé. Le pavillon est généralement situé dans un coin boisé du jardin spécialement aménagé à cet effet.
b) Les ustensiles
Les principaux ustensiles sont le cha-wan (bol à thé), le cha-ire (boite à thé), le cha-sen (fouet de bambou pour le thé) et le cha-shaku (cuillère de bambou pour le thé). Ce sont en général de véritables objets d'art.
c) Les vêtements
On préfère les tissus de couleurs discrètes. Dans les occasions extrêmement solennelles, les hommes portent un kimono de soie unie, décoré en trois ou cinq endroits des emblèmes familiaux, et des tabi blanches (les chaussettes japonaises traditionnelles). Dans ce cas, les femmes portent aussi des kimonos traditionnels décorés d'emblèmes et des tabi blanches. Les invités doivent apporter un petit éventail pliant et un paquet de kaishi (petites serviettes en papier).
La cérémonie en elle-même
La cérémonie du thé comprend normalement:
a) une première partie au cours de laquelle on sert une collation légère, le kaiseki;
b) une courte pause (nakadachi);
c) la partie principale de la cérémonie (goza-iri), au cours de laquelle on sert le koicha ou thé épais;
d) le service de l'usucha, ou thé fin. Le tout dure environ quatre heures mais, souvent, on se contente de l'usucha, qui prend à peu près une heure.
a) La première partie
Les invités, au nombre de cinq, se réunissent dans la salle d'attente. L'hôte vient les chercher et, par le sentier, les conduit à travers le jardin jusqu'au pavillon de thé. A un endroit du chemin, il y a un bassin de pierre plein d'eau claire. Les invités s'y lavent les mains et se rincent la bouche. L'entrée du salon est très petite, si bien que les invités doivent se baisser pour s'y introduire - symbole d'humilité. La pièce est équipée d'un foyer fixe et d'un brasero portatif, pour la bouilloire. Dès qu'il est entré, chaque invité s'agenouille devant le tokonoma - l'alcôve - et s'incline respectueusement. Puis, tenant son éventail plié devant lui, il admire le kakemono accroché au mur du tokonoma. Ensuite, il regarde de la même manière le foyer ou le brasero. Quand tous les invités ont fini de considérer ces objets, ils prennent place, l'invité le plus important s'asseyant le plus près de l'hôte. Quand l'hôte et les invités ont échangé les civilités d'usage, on sert le kaiseki, légère collation qui se termine par des sucreries.
b) Le nakadachi
Sur la prière de leur hôte, les invités se retirent et vont s'asseoir sur un banc qui se trouve dehors, dans le jardin intérieur, près de la pièce.
c) Le goza-iri
L'hôte frappe sur le gong suspendu près de la pièce pour indiquer que la cérémonie principale va commencer. La coutume veut, normalement, qu'il donne cinq ou sept coups. Les invités se lèvent et écoutent attentivement le son du gong. Après s'être approchés du bassin et avoir renouvelé le rite de purification, ils retournent dans le salon. Pour donner plus de lumière, un assistant retire les stores de cannis accrochés à l'extérieur, devant les fenêtres. Le kakemono a disparu du tokonoma qui est maintenant orné d'une composition florale, dans un vase. Le récipient d'eau pure et la boîte à thé en céramique sont déjà en place. Puis l'hôte entre, portant le bol à thé; le fouet de bambou est dans le bol, la cuiller posée dessus, en travers. Les invités examinent et admirent les fleurs et la bouilloire, comme ils ont admiré le kakemono et le foyer au début de la première partie. L'hôte se retire dans la salle de préparation et revient bientôt avec le récipient pour les eaux de rinçage, la louche et un support pour le couvercle de la bouilloire ou pour la louche. L'hôte essuie alors la boîte à thé et la cuillère avec un linge spécial, le fukusa, puis rince le fouet dans de l'eau chaude puisée dans la bouilloire et versée dans le bol à thé. L'hôte vide ensuite cette eau dans le récipient pour les eaux de rinçage et essuie le bol avec une serviette de toile de lin, le chakin.
L'hôte prend la cuillère et la boîte et verse du matcha (trois cuillerées par invité) dans le bol; il puise une louche d'eau chaude dans la bouilloire, en verse le tiers environ dans le bol et remet le reste dans la bouilloire. Il bat ensuite la mixture avec le fouet jusqu'à ce qu'elle ait à peu près la consistance et la couleur verte d'une soupe aux pois assez épaisse. Le thé ainsi préparé s'appelle le koicha. Le matcha utilisé pour cette préparation est composé de jeunes feuilles prélevées sur des arbres à thé qui ont de vingt à soixante-dix ans d'âge, ou davantage. L'hôte pose le bol à la place voulue, près du foyer ou du brasero, et l'invité d'honneur s'approche, à genoux, pour le prendre. Après s'être incliné devant les autres invités, le premier invité pose le bol sur la paume de sa main gauche en le soutenant par côté avec sa main droite. Il boit une gorgée, formule des compliments sur son goût, puis boit deux autres gorgées, ou davantage. Il essuie l'endroit du bol où il a bu avec le papier kaishi et passe le bol au second invité, qui boit et essuie le bol, comme le premier. Le bol est ensuite passé au troisième invité, et ainsi de suite. Quand le dernier des cinq invités a terminé, il repasse le bol au premier invité, qui le rend à l'hôte.
d) Le service de l'usucha
L'usucha diffère du koicha en ce que le matcha utilisé est composé de jeunes feuilles prélevées sur des arbres à thé qui n'ont que de trois à quinze ans d'âge. Cela donne une mixture verte, mousseuse.
Les règles observées au cours de ce service sont analogues à celles de la cérémonie du koicha. Les principales différences sont les suivantes:
- Le thé est préparé séparément pour chaque invité avec deux cuillerées de marcha, ou deux et demie. Chaque invité, normalement, boit tout son thé.
- C'est avec les doigts de sa main droite que l'invité nettoie la partie du bol que ses lèvres ont touchée. Il s'essuie ensuite les doigts sur le papier kaishi.
L'hôte sort du salon, emportant les ustensiles, puis revient s'incliner en silence devant les invités, indiquant par ce geste que la cérémonie est terminée.
Les invités quittent le sukiya. L'hôte les reconduit.
Les quatre principes du thé
L'éthique du thé est résumé dans les quatre principes laissés par le maître de thé Sen Rikyû (1522-1591) : wa, kei, sei et jaku.
WA L'harmonie. C'est l'harmonie avec la nature mais surtout celle avec les autres. Le thé un moment de partage entre l'hôte et ses invités. De plus, le rituel fait tomber les barrières sociales entre les intervenants.
KEI Le respect. C'est la capacité à se tourner avec humilité et sans distinction vers les différentes personnes les différents objets.
SEI La pureté. Elle est symbolisée par la propreté de tous les éléments matériels de la cérémonie. C'est le renoncement aux choses de ce monde.
JAKU La tranquillité. Elle désigne la paix intérieure que l'on cherche à atteindre dans le cadre de la cérémonie.
C'est à la fois un but et un nouveau commencement. Cette notion est dérivée du nirvâna bouddhique.

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